Le coût d’être une femme en 2019

Sept femmes différentes rient et posent devant un mur blanc

Loin de la « Fête des femmes » qui consiste à offrir un bouquet de fleurs à son épouse ou pire, une nouvelle centrale vapeur, le 8 mars est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Il s’agit donc de parler d’égalité en droits et en traitements entre hommes et femmes, et surtout des inégalités qui persistent encore en 2019, même dans notre monde occidental. En plus de leur absence de bien-fondé et des risques qu’elles créent, ces inégalités ont un coût financier assez élevé pour les femmes. D’autant que ces dernières gagnent encore 24% de moins que leurs homologues masculins. Savoo s’est penché sur les postes de dépenses qui leur coûtent encore beaucoup.

 

Les essentiels

En termes de santé, le coût d’être une femme est assez significatif. Que l’on parle de visites chez le gynéco, de menstruations ou de contraception, l’ardoise mensuelle féminine est généralement assez lourde dans ce domaine.

 

Les règles

Élément inhérent à toute personne dotée d’un utérus, les menstruations coûtent souvent cher à l’année pour la gente féminine. Entre le prix des protections périodiques, des anti-douleurs souvent non remboursés par la Sécurité Sociale ou le rachat de sous-vêtements pour cause de fuites, l’addition grimpe vite.

En 2018, l’excellent documentaire « 28 jours » révélait qu’une femme dépense dans sa vie en moyenne 3 200€ uniquement pour ses protections périodiques. Malgré la suppression de la « Taxe Tampon » en 2015, le prix des tampons et serviettes peine à diminuer, et on retrouve encore certains d’entre eux aux alentours de 5/6€. A raison d’environ 410 menstruations dans une vie, le budget de protections périodiques s’élève facilement à 8/10€ par mois. Ajoutez à ça les anti-douleurs et une tablette de chocolat plus que méritée pour survivre au chamboulement d’hormones, l’addition peut facilement atteindre 20€ par mois.

Tampons périodiques pour protections hygiénique blancs sur fond bleu

 

La contraception

En 2019, le fardeau de la contraception repose encore et toujours majoritairement sur les femmes. Pilule, implant, stérilet hormonal ou en cuivre, patchs, injections… La science redouble d’ingéniosité pour ôter aux hommes le déplaisir du préservatif, souvent sans se soucier de l’inconfort, la pression ou les risques encourus par les femmes en matière de santé. Et évidemment, sans se soucier du prix.

Car si certaines méthodes sont remboursées intégralement par la Sécu, nombreuses sont celles qui ne le sont pas complètement, voire pas du tout. Pour exemple, un stérilet hormonal coûte en moyenne 125€ et n’est remboursé qu’à 65%, soit 44€ à débourser de sa poche. Et c’est sans compter le prix de la visite chez le gynécologue pour le poser et le retirer, qui n’est pas forcément une partie de plaisir, financièrement ou physiquement.

Main tenant un préservatif devant un homme allongé dans un lit

 

Le gynécologue

Nous en parlions plus haut, mais l’un des nombreux avantages à posséder un utérus (vous flairez l’ironie ?), c’est la visite, dans le meilleur des cas annuelle, chez un médecin gynécologue. On passera sur le côté agréable de l’expérience de se faire palper l’intérieur et l’extérieur des organes reproducteurs, poitrine comprise, le tout nue comme un ver et d’une main plus ou moins tendre.

En 2017, une enquête du Monde révélait que près de 45% des 3 000 praticiens analysés dans les grandes villes de France facturent une simple consultation au minimum 60€, soit le double du tarif préconisé par la Sécurité Sociale. La palme revient sans surprise à la capitale, avec une moyenne de 70,30€, et près d’un quart des gynécologues qui demandent 90€ ou plus. Un prix fort qui devient pour beaucoup de femme un luxe qu’il est parfois difficile de se payer.

Mains de médecin sur un ordinateur avec lunettes, stethoscope, crayon, termomètre et blocs notes

 

Les secondaires

Si les produits et services suivants sont certes bien plus bas sur l’échelle de la nécessité, ils concernent pourtant des notions qui restent au cœur des préoccupations féminines. Le poids des injonctions à la féminité se ressent évidemment sur le bien-être des principales intéressées, mais également sur leur budget.

 

La mode

Depuis toujours encouragées à se « mettre en valeur » et à prendre soin de leur apparence physique, les femmes sont donc les premières cibles de l’industrie de la mode. S’il n’y a évidemment rien de mal à prendre plaisir à s’habiller, on observe que de nombreuses inégalités subsistent dans le milieu de la fashion.

Si on ne peut comparer le prix d’une robe à celui d’un costume, on peut par contre s’interroger sur le prix différent de produits pourtant identiques mais marketés « hommes » ou « femmes ». En 2018, le site Buzzfeed France épinglait plusieurs marques pour marketing genré évident. Certains utilisateurs ont par exemple remarqué qu’un sweatshirt de même marque, même couleur et même modèle coûtait 10€ de plus pour les femmes… Cette différence de prix en fonction de la cible porte même un nom : la « Women tax » ou « Taxe rose ». Et cela contribue évidemment à alourdir le coût d’être une femme.

Capture d'écran Buzzfeed - Tweet comparatif de prix, chaussettes noires - Taxe Rose

Capture d’écran de l’article Buzzfeed « 11 fois où les femmes se sont bien fait avoir par le marketing »

La beauté

Maquillage, coiffeur, épilation ou soins en général sont encore très attendus de la part des femmes, plus que chez nos amis masculins. Et comme partout, ces attentes idéalistes pèsent lourd, en termes de temps et d’argent.

Le poil féminin étant toujours majoritairement bani en 2019, cela reste un poste de dépenses important et régulier. En institut, pour un forfait mensuel jambes/maillot/aisselles, on peut compter facilement entre 48€ et 67€ pour la moyenne basse, sachant que certains instituts peuvent facturer bien plus. Quid du rasoir ? C’est effectivement une solution moins onéreuse, mais là encore, à nombre de lames égal, la Taxe rose peut gonfler les produits marketés pour femmes de facilement 4€.

Côté cheveux, là aussi, une nette égalité se fait sentir. Les tarifs des coupes pour femmes sont souvent aussi gonflés que certains brushings, et calculés selon la longueur. En prenant une moyenne basse pour un forfait « shampooing/coupe/brushing », il faut compter environ 30€ pour cheveux courts à mi-longs, avec facilement 10 à 15€ de plus pour cheveux mi-longs à longs. Ces messieurs s’en sortent aisément pour une vingtaine d’euros avec le même forfait, sans se soucier de la longueur désirée…

Capture d'écran du Tumble Woman Tax - tarifs coiffures hommes et femmes - Taxe Rose

Capture d’écran du Tumblr « Woman Tax » créé par le collectif féministe Georgette Sand

Que retenir ?

Les femmes et les industries n’ont évidemment pas attendu pour réagir. D’abord en prenant conscience du problème et en le portant sur la place publique. Ensuite, en développant des solutions alternatives pour épargner au mieux leur porte-monnaie et réduire à leur échelle le coût d’être une femme.

En termes de menstruations, on peut compter aujourd’hui sur la cup ou les culottes menstruelles, alternatives plus écolos et plus rentables à long terme puisque réutilisables. Certaines font également le choix de passer à des méthodes contraceptives naturelles mais plus risquées comme la méthode Ogino, ou de demander un effort à leur partenaire pour se tenir au préservatif. Certaines femmes ont également opté, lorsque c’est possible, pour le shopping au rayon hommes : produits de soin, vêtements, rasoirs… Mais la baisse des achats de produits dits « féminins » devrait être vraiment significative pour que les entreprises réagissent et baissent les prix… ou augmentent ceux des articles « pour hommes » !

Deux mains échangeant une coupe menstruelle rose sur fond beige

 

Sur le long terme, la meilleure solution consiste en une prise de conscience collective des individus et de la société. Car à bien regarder au delà du prisme des chiffres, les principales responsables de ces inégalités tarifaires sont les injonctions, attentes et responsabilités qui pèsent sur les femmes au quotidien. Par exemple, si la demande de ces messieurs de prendre la responsabilité de la contraception était plus forte, les solutions proposées seraient sans doute plus variées.

Encore une fois, il ne s’agit pas de faire porter le fardeau (ni le chapeau) à la moitié de la population, mais bien de le répartir de façon égalitaire dans ses avantages, mais aussi ses inconvénients.

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